La mondialisation unidimensionnelle ou l'hypernormalisation du monde

L'uniformisation totale !

Nous assistons, impuissants, à la phase ultime de la mondialisation.

Les processus qu'elle engendre - globalisation, innovation (particulièrement fulgurante dans le domaine de la communication et de l'information), concentration des organisations et du pouvoir, uniformisation ... - s'accélèrent et s'intensifient. 

Pour le meilleur et pour le pire. 

Au chapitre du pire "certain", il y a, selon moi, l'uniformisation inéluctable, exponentielle, des esprits et des produits.

La conséquence à plus ou moins long terme de cette évolution ultime de l'humanité est la disparition inévitable de la diversité "concurrentielle", a fortiori "conflictuelle". 

Notez que je ne dis pas disparition de la complexité, même si le totalitarisme simplificateur nous guette aux plans politiques, culturels, voire religieux. 

Notez que je ne dis pas disparition de la variété ou de la variation : il y aura peut-être plus de choix (ex.: avoir une peau vert pomme, aller à un concert sur Mars, ubiquité, hyper-sensations,...), et çà vaudrait mieux si l'homme ne meurt plus ; mais ce seront là des choix "secondaires" qui renforceront l'unité globale, l'uniformisation de fond. 

Donc une "gamme de produits" élargie, mais hypercohérente, des "esprits" variés, mais hyper-consensuels... Le bonheur quoi (je ne plaisante pas : c'est quoi le bonheur?)...Un bonheur qui pourra bien être contesté (fortement, mollement?) au début, puis seulement subi, et finalement accepté et désiré par tous.

Plus de variétés, certes. Mais pas de compétitions - a fortiori de conflits - entres ces variétés : imaginez un vaste Disneyland où chacun va s'amuser là où il a envie (la seule chose qui peut être gênante pour la gouvernance du parc d'attraction c'est si tout le monde veut aller au même endroit, mais çà, si çà se produit, çà se gère et çà se régule facilement dans ce genre de monde)... 

... Plus de variété(s), mais, au final, je l'affirme, beaucoup moins de diversité.

Disparition de la diversité des Espèces et des Natures, bien évidemment (encore que la prise de conscience environnementale puisse parvenir à freiner ce mouvement). 

Mais surtout, et plus sûrement, disparition de la diversité des Esprits et des Cultures et tous leurs "outputs" (idées, rêves, comportements, activités et produits, arts, etc.). Plus d'exclus, plus d'inclus. Plus de déviants... et, peut-être, plus de problèmes, plus de questions. Stop! Pose ta valise et détends-toi. Regarde les petites fleurs et ne pense pas, à quoi bon?

L'hypernormalisation du monde - l'uniformisation totale ! - est en marche.

Cette normalisation absolue est inévitable, incontournable. 

Certains objecteront que la mondialisation produit aussi de la différence, dans la mesure où le contact d'une différence avec une autre n'entraine pas la fusion de celles-ci en une seule "norme" mais peut conduire à une différenciation plus poussée, plus approfondie, de chacune d'entre elles. En poussant le raisonnement on pourrait parler d'hyperdifférenciation. Oui, mais :

Cette situation, cette dynamique de la diversité peut certes se produire à un stade intermédiaire de la mondialisation. Mais pas indéfiniment. Car il viendra un moment où uniformisation et différenciation entreront en conflit. Le plus fort voudra imposer ses idées, ses règles, ses usages, son organisation, sa morale, ses valeurs, son esthétique, sa culture etc. Bref, imposer son système. Les différences devront accepter leur marginalisation pour survivre, jusqu'à ce qu'elles meurent oubliées.

Difficile à concevoir, vous dites ? Il ne faut pas pousser dites-vous ?

- Alors dans ce cas je vous ramène à une explication simple. Personne ne peut nier que le Coca-Cola est devenu l'un des produits marquetés les plus universels (sur terre en tout cas). Il suffit d'imaginer une firme Coca-Cola multi-dimensio

Aussi la question que l'on peut se poser n'est pas celle de savoir si la normalisation va se produire. Cà c'est une certitude. Les seules questions que l'on peut encore légitimement se poser c'est : quand et quoi. Quand l'uniformisation sera totale? Quel sera son contenu, quels en seront les attributs, le paysage (extérieur et intérieur)? Deux questions qui vont continuer de permettre à tous les penseurs du Dimanche (moi c'est en semaine) de gloser à l'infini, de vomir indéfiniment des hypothèses...

 

Sur le fond nous ne pourrons pas arrêter l'hypernormalisation. L'humanité évolue dans un monde fini (sauf à imaginer, pourquoi pas, une conquète d'autres espaces et un déploiement des hommes dans l'univers) dont on a atteint les limites physiques (en l'état actuel de la science).

 

Sur la forme, par contre, nous pouvons faire beaucoup, si nous le voulons, pour atténuer les impacts négatifs et, même, dévier la course de la machine la plus inhumaine que l'homme ait jamais produite... C'est là, à mon humble avis, le plus grand défi que nous devrons absolument relever au cours de ce siècle, sous peine de condamner prématurément l'espèce humaine.

Les réflexions ci-dessous - que j'ai accumulées au fil du temps - développent cette thèse. A chacun de se faire son opinion. Pour ma part j'apporte ainsi ma toute modeste contribution à l'une des questions les plus cruciales du XXI° siècle.

 

 

 

Mon Diagnostic

 

 

 

1) MONDIALISATION UNIDIMENSIONNELLE, globalisation, "financiarisation" / "titrisation", ultra-concentration des acteurs économiques (firmes globales...), outre la situation de blocage inéluctable - sinon l'explosion du système (cf. la crise financière systémique actuelle) - à laquelle mènent ces fléaux, uniformisent les produits et les esprits tout en creusant les inégalités. Ce processus d'uniformisation - mené à vitesse accélérée depuis la Renaissance, au nom de l'Homme, de la Liberté et du Savoir ! - est quasi-achevé. Dans sa forme actuelle il est d'ores et déjà totalement intolérable. Et ce d'autant plus que la richesse (matérielle) globale de la planète n'a jamais été aussi grande et continue à grandir. L'interdépendance planétaire croissante des hommes, des activités et des systèmes - au demeurant inscrite dans le destin de l'Humanité depuis son apparition dans un monde fini - n'est pas en soi une bonne ou une mauvaise chose : la question n'est pas là ! La seule vraie question est de savoir si la mondialisation, et partant, la globalisation, peuvent s'opérer sans faire disparaître la diversité. Je parle surtout de la diversité des "Esprits" et des "Cultures", moins de celle des "Espèces" et des "Natures" (les puissants peuvent s'accomoder de l'hétérogénéité des secondes, pas des premiers !). Pour moi la réponse est : NON ! Ce qui ne fait pas de moi, n'en déplaise aux réductionnistes de tout poil, un antimondialiste borné ou un altermondialiste candide, loin s'en faut... mais juste un citoyen du monde, autonome (pourvu que çà dure), réactif et critique, qui revendique le droit de penser sans adhérer au Dogme. J'ai juste une conviction que je partage avec Paul Valéry : "Il y a deux choses qui menacent le monde : l'ordre et le désordre". Dans le propos que je développe ici l'ordre c'est la norme, le désordre c'est la peur, l'hypernormalisation c'est la terreur !

          +

 

2) CONDITIONNEMENT MÉDIATIQUE : notre toute puissance technologique, associée à la mondialisation et à l'ultra-concentration, rend possible l'hyper-médiatisation, la virtualisation, le matraquage médiatique par le bas à l'échelle planétaire, sinon la manipulation totale. Internet joue un rôle déterminant dans ce processus d'aliénation totale, n'en déplaise à ceux qui pensent qu'Internet, en rendant possible, en théorie, la diffusion incontrôlée de tout par tous, favorise la diffusion des informations et des analyses alternatives. Car en pratique nous ne sommes pas égaux devant l'Internet et nous le serons de moins en moins. Là comme ailleurs l'argent est maître...La diversité d'Internet est bel et bien menacée. Joël de Rosnay nous prédit pourtant "La révolte du pronétariat". Cette révolte peut se produire - elle se produit. La question est de savoir sur quoi elle peut déboucher : sur une nouvelle démocratie mondiale virtuelle - donnant à chacun l'illusion que parce qu'il peut s'exprimer et se défouler à un niveau planétaire il contribue avec l'humanité toute entière à changer le monde - peut-être ; mais sûrement pas sur une nouvelle démocratie réelle capable de confisquer le pouvoir aux puissants traditionnels et de se prendre en charge...

          =       HYPERNORMALISATION MONDIALE DES ESPRITS ET DES PRODUITS

 

 Avec 10 conséquences lourdement négatives :

[*] cf. par exemple la chaîne de radio France-Info, qui, faute d'avoir un concurrent direct indépendant sur le même registre (en théorie l'actualité - par essence renouvelée, imprévisible et variée - en continu, en pratique la répétition des mêmes infos et surtout des mêmes "chroniques"...), non seulement  décrète ce qu'il faut savoir, mais proclame, en despote qui s'ignore, comment penser, ce qu'il faut faire et ne pas faire, ce qui est bien et mal, ce qui est beau, comment il faut vivre, se comporter (par exemple pour être un bon citoyen qui ne coûtera pas cher à la sécurité sociale et à la collectivité endettées), éduquer ses enfants, comment pisser mieux... ; cf. aussi les émissions TV, les magazines "people", les revues beauté/santé, etc. Bref : plus c'est con et plus c'est bon ! Vive le football

 

 

 

Ma préconisation : à mettre en oeuvre d'urgence !