La mondialisation unidimensionnelle ou l'hypernormalisation du monde
par Serge Guégan
L'uniformisation totale !
Nous assistons, impuissants, à la phase ultime de la mondialisation.
Les processus qu'elle engendre - globalisation, innovation (particulièrement fulgurante dans le domaine de la communication et de l'information), concentration des organisations et du pouvoir, uniformisation ... - s'accélèrent et s'intensifient.
Pour le meilleur et pour le pire.
Au chapitre du pire "certain", il y a, selon moi, l'uniformisation inéluctable, exponentielle, des esprits et des produits.
La conséquence à plus ou moins long terme de cette évolution ultime de l'humanité est la disparition inévitable de la diversité "concurrentielle", a fortiori "conflictuelle".
Notez que je ne dis pas disparition de la complexité, même si le totalitarisme simplificateur nous guette aux plans politiques, culturels, voire religieux.
Notez que je ne dis pas disparition de la variété ou de la variation : il y aura peut-être plus de choix (ex.: avoir une peau vert pomme, aller à un concert sur Mars, ubiquité, hyper-sensations,...), et çà vaudrait mieux si l'homme ne meurt plus ; mais ce seront là des choix "secondaires" qui renforceront l'unité globale, l'uniformisation de fond.
Donc une "gamme de produits" élargie, mais hypercohérente, des "esprits" variés, mais hyper-consensuels... Le bonheur quoi (je ne plaisante pas : c'est quoi le bonheur?)...Un bonheur qui pourra bien être contesté (fortement, mollement?) au début, puis seulement subi, et finalement accepté et désiré par tous.
Plus de variétés, certes. Mais pas de compétitions - a fortiori de conflits - entres ces variétés : imaginez un vaste Disneyland où chacun va s'amuser là où il a envie (la seule chose qui peut être gênante pour la gouvernance du parc d'attraction c'est si tout le monde veut aller au même endroit, mais çà, si çà se produit, çà se gère et çà se régule facilement dans ce genre de monde)...
... Plus de variété(s), mais, au final, je l'affirme, beaucoup moins de diversité.
Disparition de la diversité des Espèces et des Natures, bien évidemment (encore que la prise de conscience environnementale puisse parvenir à freiner ce mouvement).
Mais surtout, et plus sûrement, disparition de la diversité des Esprits et des Cultures et tous leurs "outputs" (idées, rêves, comportements, activités et produits, arts, etc.). Plus d'exclus, plus d'inclus. Plus de déviants... et, peut-être, plus de problèmes, plus de questions. Stop! Pose ta valise et détends-toi. Regarde les petites fleurs et ne pense pas, à quoi bon?
L'hypernormalisation du monde - l'uniformisation totale ! - est en marche.
Cette normalisation absolue est inévitable, incontournable.
Certains objecteront que la mondialisation produit aussi de la différence, dans la mesure où le contact d'une différence avec une autre n'entraine pas la fusion de celles-ci en une seule "norme" mais peut conduire à une différenciation plus poussée, plus approfondie, de chacune d'entre elles. En poussant le raisonnement on pourrait parler d'hyperdifférenciation. Oui, mais :
Cette situation, cette dynamique de la diversité peut certes se produire à un stade intermédiaire de la mondialisation. Mais pas indéfiniment. Car il viendra un moment où uniformisation et différenciation entreront en conflit. Le plus fort voudra imposer ses idées, ses règles, ses usages, son organisation, sa morale, ses valeurs, son esthétique, sa culture etc. Bref, imposer son système. Les différences devront accepter leur marginalisation pour survivre, jusqu'à ce qu'elles meurent oubliées.
Difficile à concevoir, vous dites ? Il ne faut pas pousser dites-vous ?
- Alors dans ce cas je vous ramène à une explication simple. Personne ne peut nier que le Coca-Cola est devenu l'un des produits marquetés les plus universels (sur terre en tout cas). Il suffit d'imaginer une firme Coca-Cola multi-dimensio
Aussi la question que l'on peut se poser n'est pas celle de savoir si la normalisation va se produire. Cà c'est une certitude. Les seules questions que l'on peut encore légitimement se poser c'est : quand et quoi. Quand l'uniformisation sera totale? Quel sera son contenu, quels en seront les attributs, le paysage (extérieur et intérieur)? Deux questions qui vont continuer de permettre à tous les penseurs du Dimanche (moi c'est en semaine) de gloser à l'infini, de vomir indéfiniment des hypothèses...
Sur le fond nous ne pourrons pas arrêter l'hypernormalisation. L'humanité évolue dans un monde fini (sauf à imaginer, pourquoi pas, une conquète d'autres espaces et un déploiement des hommes dans l'univers) dont on a atteint les limites physiques (en l'état actuel de la science).
Sur la forme, par contre, nous pouvons faire beaucoup, si nous le voulons, pour atténuer les impacts négatifs et, même, dévier la course de la machine la plus inhumaine que l'homme ait jamais produite... C'est là, à mon humble avis, le plus grand défi que nous devrons absolument relever au cours de ce siècle, sous peine de condamner prématurément l'espèce humaine.
Les réflexions ci-dessous - que j'ai accumulées au fil du temps - développent cette thèse. A chacun de se faire son opinion. Pour ma part j'apporte ainsi ma toute modeste contribution à l'une des questions les plus cruciales du XXI° siècle.
Mon Diagnostic
1) MONDIALISATION UNIDIMENSIONNELLE, globalisation, "financiarisation" / "titrisation", ultra-concentration des acteurs économiques (firmes globales...), outre la situation de blocage inéluctable - sinon l'explosion du système (cf. la crise financière systémique actuelle) - à laquelle mènent ces fléaux, uniformisent les produits et les esprits tout en creusant les inégalités. Ce processus d'uniformisation - mené à vitesse accélérée depuis la Renaissance, au nom de l'Homme, de la Liberté et du Savoir ! - est quasi-achevé. Dans sa forme actuelle il est d'ores et déjà totalement intolérable. Et ce d'autant plus que la richesse (matérielle) globale de la planète n'a jamais été aussi grande et continue à grandir. L'interdépendance planétaire croissante des hommes, des activités et des systèmes - au demeurant inscrite dans le destin de l'Humanité depuis son apparition dans un monde fini - n'est pas en soi une bonne ou une mauvaise chose : la question n'est pas là ! La seule vraie question est de savoir si la mondialisation, et partant, la globalisation, peuvent s'opérer sans faire disparaître la diversité. Je parle surtout de la diversité des "Esprits" et des "Cultures", moins de celle des "Espèces" et des "Natures" (les puissants peuvent s'accomoder de l'hétérogénéité des secondes, pas des premiers !). Pour moi la réponse est : NON ! Ce qui ne fait pas de moi, n'en déplaise aux réductionnistes de tout poil, un antimondialiste borné ou un altermondialiste candide, loin s'en faut... mais juste un citoyen du monde, autonome (pourvu que çà dure), réactif et critique, qui revendique le droit de penser sans adhérer au Dogme. J'ai juste une conviction que je partage avec Paul Valéry : "Il y a deux choses qui menacent le monde : l'ordre et le désordre". Dans le propos que je développe ici l'ordre c'est la norme, le désordre c'est la peur, l'hypernormalisation c'est la terreur !
+
2) CONDITIONNEMENT MÉDIATIQUE : notre toute puissance technologique, associée à la mondialisation et à l'ultra-concentration, rend possible l'hyper-médiatisation, la virtualisation, le matraquage médiatique par le bas à l'échelle planétaire, sinon la manipulation totale. Internet joue un rôle déterminant dans ce processus d'aliénation totale, n'en déplaise à ceux qui pensent qu'Internet, en rendant possible, en théorie, la diffusion incontrôlée de tout par tous, favorise la diffusion des informations et des analyses alternatives. Car en pratique nous ne sommes pas égaux devant l'Internet et nous le serons de moins en moins. Là comme ailleurs l'argent est maître...La diversité d'Internet est bel et bien menacée. Joël de Rosnay nous prédit pourtant "La révolte du pronétariat". Cette révolte peut se produire - elle se produit. La question est de savoir sur quoi elle peut déboucher : sur une nouvelle démocratie mondiale virtuelle - donnant à chacun l'illusion que parce qu'il peut s'exprimer et se défouler à un niveau planétaire il contribue avec l'humanité toute entière à changer le monde - peut-être ; mais sûrement pas sur une nouvelle démocratie réelle capable de confisquer le pouvoir aux puissants traditionnels et de se prendre en charge...
= HYPERNORMALISATION MONDIALE DES ESPRITS ET DES PRODUITS
Avec 10 conséquences lourdement négatives :
Conséquence I : l'Hypermondialisation, une économie planétaire globalisée et uniforme, de moins en moins locale et multiple, dominée par quelques centaines de décideurs, qui devient de plus en plus financière, virtuelle, improductive, destructrice, déshumanisante. En particulier, la diminution rapide (en quantité, qualité, et surtout en variété) des opportunités individuelles d'agir et d'entreprendre de manière autonome dans tous les domaines, et notamment dans la sphère économique, est un des principaux freins à la croissance de l'activité productive au niveau mondial. Mais pas un frein à la croissance des activités financières spéculatives (véritables usines à gaz susceptibles de faire exploser à tout instant le système économique mondial)improductives qui tendent à détourner une partie toujours plus grande de la richesse mondiale au profit d'une minorité d'individus (çà encore c'est humain!) ou de structures qui transcendent l'humain (çà c'est insupportable!). L'appropriation par les plus riches - donc les plus puissants - du progrès technologique, notamment dans le domaine des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC), renforce l'hypermondialisation et rend possible la mise en place d'un nouveau totalitarisme des esprits, au profit de l'argent, beaucoup plus asservissant que tous ceux que l'Histoire a pu générer d'ordures depuis ses origines. Vous voulez un seul exemple ? Eh bien allons-y : GOOGLE. La pire saloperie de tous les temps. Je mets au défit n'importe quelle personne honnête, un peu au fait de ce qui se passe sur internet, de me prouver le contraire !
Conséquence II : l'Hyperconcentration de la richesse et l'accélération de la production de l'exclusion : une fracture humanitaire mondiale qui s'élargit rapidement, avec de plus en plus d'"exclus" définitifs et d'"inclus" (pour combien de temps) fragilisés. En fait, la fragilisation, en rapport direct avec l'artificialité montante de l'économie, touche tous les acteurs, toutes les structures et superstructures : avec aux premiers rangs de ces dernières des Etats-Nations et des systèmes nationaux de sécurité sociale déficitaires et endettés, des organisations internationales et des systèmes internationaux de régulation à la botte des grandes puissances "publiques" et "privées". Certes, tout cela n'est pas nouveau...Ce qui est nouveau et grave c'est l'accélération du processus qui rend de plus en plus délicat et improbable sa maîtrise raisonnée au profit du plus grand nombre...L'impossibilité d'avoir un logement décent (ou un logement tout court) est l'une des manifestations les plus intolérables de l'exclusion (pour s'en convaincre cliquer ici). Mais l'exclusion atteint tous les domaines, même ceux qui, par construction, sont faits pour lutter contre l'exclusion : ainsi en va-t-il, par exemple, de notre syndicalisme dont la mission consiste aujourd'hui à protéger exclusivement les privilégiés de la classe moyenne qui sont dans les grandes entreprises et croûlent sous les avantages acquis... A cet égard on ne peut que se révolter contre l'inégalité des citoyens à se faire entendre, selon qu'ils sont employés dans des grandes structures corporatistes (SNCF, RATP, etc.) capables de paralyser et d'emmerder tout un pays quand elles font grèves ou, au contraire, dans des millions d'entreprises individuelles, de TPE et de PME impuissantes !
Conséquence III : l'Hyperrupture écologique, l'accélération des déséquilibres environnementaux, peut-être, sinon sans doute, irréversibles. Incapacité collective à prendre des mesures correctrices de fond, tout simplement parce que celles-ci remettent en cause le système dans son ensemble... Il est désormais évident pour les plus clairvoyants que la préservation de l'environnement ne peut pas s'envisager, sur le long terme, dans un cadre sociétal fondé sur le primat de la croissance quantitative de l'économie. Aussi, à l'expression "Développement Durable" je préfère celle d'"Enveloppement Durable" (apprendre à vivre bien et autrement avec ce qu'on a ici et maintenant, plutôt que de vouloir toujours vivre mieux mais de la même façon avec ce qu'on aura peut-être demain et ailleurs...). Même si vous ne souhaitez pas vous remettre en cause - ou si vous pensez, comme moi, que l'environnement est un énorme problème mais pas, pour autant, la finalité suprême - une petite consultation du site de la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l'Homme (cliquer ici) ne vous mangera pas votre pain. Personnellement je ne suis pas complètement d'accord avec la première proposition de son "Pacte Écologique" en ce sens que ce n'est pas d'un "vice premier-ministre chargé du développement durable" dont nous avons le plus urgemment besoin (je ne dis pas que ce n'est pas nécessaire) mais, plus fondamentalement, plus globalement, d'un vrai Président de la République qui, avec tous les autres chefs d'État responsables de la planète (j'espère qu'il y en a beaucoup...), mettrait l'Humanité Durable (cf. notre conclusion infra) au coeur de son projet et surtout de son action ! Car, en effet, le Président de la France, pour être le grand leader des Français, doit obligatoirement être un des grands leaders du monde de demain (i.e. du Nouveau Système Mondial), et pas uniquement un pantin cantonné dans un petit hexagone. Sans un grand Chef il ne saurait y avoir de grande Démocratie.
Conséquence IV : l'"Hypocratie" : l'impuissance et le déclin du politique... Pas besoin de développer...Ce phénomène s'accélère dans la mesure où les gens honnêtes, désintéressés et compétents, aussi courageux soient-ils, sont éjectés de la sphère du politique. En effet, dans quelques années plus aucun homme (ou aucune femme) qualifié et responsable n'acceptera de prendre une charge politique, en dehors de celles qui sont au sommet de la pyramide et donc loin du terrain et de l'action, en raison de l'impossibilité pratique de faire quelque chose de positif (lourdeur administrative, mafia des partis et des potentats locaux, démocratie du non...) et du risque personnel encouru de plus en plus fort...Il en résulte que seuls les professionnels de la magouille et les marionnettes peuvent subsister dans l'univers vérolé et mafieux de la démagogie-spectacle : en ce sens, et seulement en ce sens, la politique est un "métier" ! Si vous souhaitez faire carrière en politique, une règle absolue : n'ayez aucune idée et aucune conviction personnelles ! Au mieux dites, mieux que vos adversaires, ce que les gens veulent entendre ; dites que vous allez faire ce que les médias ou les sondages disent que le "peuple" veut que vous fassiez (allez vérifier !?), mais ne le faites surtout pas (ce serait mauvais pour vous et très mauvais pour lui) ! Conscients de leur impuissance les politiques essaient de sauver la face en occupant le terrain médiatique et en se consacrant avec zèle à la seule chose qu'ils savent faire : voter des textes (généralement contraignants, rarement libérateurs d'énergie) à l'utilité sociale douteuse mais au rendement financier de plus en plus performant : "encadrer (et contrôler) plus pour pomper plus"...
Conséquence V : l'Hypernormalisation, donc la fin de la différence ; fin de la complexité (tout norme est réductrice) ; fin du spirituel ; fin de l'intelligence, de la conscience et de l'initiative individuelles, libres, différenciées et solidaires ; fin du savoir personnel et autonome ; disparition des cultures et des repères ; disparition de la recherche fondamentale...Et, last but not least : "faim" dans le monde (mortalité, carences, insécurité alimentaire) et "malbouffe sécuritaire" ! L'hypernormalisation (surproduction de normes : lois, règles, standards, labels, autorisations, certifications, accréditations, interdictions, pressions, contrôles, menaces, sanctions, répressions,...) est particulièrement développée en France où elle trouve un terrain extrêmement favorable en raison de son Étatisme et de son Corporatisme hypertrophiés. La normalisation, lorsqu'elle est excessive, tue la diversité et brise les énergies et les talents : - Exemple 1) : Il suffit d'observer la vague de standardisation stérilisante qui s'abat non seulement sur les entreprises (passe encore) mais aussi sur tout notre système éducatif (c'est beaucoup plus grave pour l'avenir) et, en particulier, sur nombre de grandes écoles et d'universités en quête d'argent - donc prêtes à toutes les soumissions - et de reconnaissances internationales - faute de renommée naturelle générée par la seule qualité des hommes, des formations et des recherches - donc d'accréditations et de classements flatteurs ! - Exemple 2) : Wikipedia, l'encyclopédie, collaborative, "libre" (et gratuite !) du net, est en réalité une entreprise communautaire hypernormalisatrice dont un principe de fonctionnement est, de facto, la censure "collective" confiée aux bons soins, au premier niveau, d'une majorité d'anonymes, au second niveau, d'une minorité de petits Saint-Just élevés au grade d'"administrateur"...Pour s'en convaincre : http://wikipedia.un.mythe.over-blog.com, http://wikiscanner.virgil.gr. A tous ceux qui pensent que Wikipedia est une des plus belles aventures de la connaissance humaine je dis oui, mais à condition de relever rapidement le défi de l'hypernormalisation démocratique par le bas : 1°) ne pas confondre quantité (des articles), vitesse ("wiki") de mise en ligne et...qualité (contenu) ; 2°) ne pas confondre transparence de la règle commune et opacité arbitraire de son application individuelle (par des "administrateurs", difficilement contrôlables, ou par n'importe quel internaute anonyme, pour le coup totalement incontrôlable) ; 3°) ne pas confondre neutralité conservatrice et ouverture novatrice, liberté et diversité, convention et vérité, notoriété sociale (de l'auteur) et valeur (de son apport), actualité temporelle et intérêt universel... Ne pas confondre, enfin, et surtout, "accès" à la connaissance et connaissance "accessible" ! Hypernormalisation et Totalitarisme ne sont qu'une seule et même chose horrible. Il est encore temps de s'en rendre compte et d'anticiper. Faute de quoi on s'appercevra - trop tard - qu'Hitler était un enfant de coeur et le "Big Brother" d'Orwell une "nano"-"Alice aux Pays des Merveilles" !
Conséquence VI : L'Hyperémotion sécuritaire. La montée de l'irrationnel, de l'émotion, des peurs (la dernière campagne présidentielle en a été une forte et triste illustration) ; infantilisation ; autoritarisme ; abêtissement* uniforme* ; fin des convictions, victoire des idées simplistes et des dogmes réducteurs ; démagogie-spectacle ; communautarisme ; hystérie sécuritaire et policière (et ses corollaires, l'hyperprécaution* et l'hyperrépression : entre le radar et le taser l'homme ordinaire n'a qu'un seul droit : celui de ne pas penser, de marcher droit et de fermer sa gueule !) ; folies terroristes (développement anarchique d'une contre-civilisation parallèle purement négative)...et, au final, montée de la bonne conscience à deux balles (du moment que çà ne remet pas en cause notre manière de vivre, dons et comportements "citoyens" de toutes natures, de toutes origines, se multiplient, les larmes coulent...Un super filon que ne manquent pas d'exploiter tous les professionnels du marketing et de la communication ! ). (*): Comment peut-on décider de manière non arbitraire que la "réalisation d'un dommage" incertain en l'état des connaissances scientifiques peut "affecter de manière grave et irréversible l'environnement" ? L'article V de la Charte de l'environnement (charte intégrée à la constitution), si attrayant à première vue, est en fait un blanc-seing accordé et un encouragement donné solennellement et a priori à toute position politique lâche et timide et un levier dangereusement puissant permettant la multiplication des abus de réglementation, ce dont la société française souffre déjà beaucoup trop. Le principe de précaution constitutionnalisé crée un nouveau risque, le pire de tous : celui de stériliser les énergies et les talents, notamment s'agissant de l'innovation.
Conséquence VII : l'Hypercontrôle d'une société infantilisée, sans projet, sans idéal et sans moral(e) (dans tous les sens du termes). Notre société libérée s'est affranchie des interdits moraux et autres tabous naguère intériorisés par chacun. Est-ce un progrès ? Je le pense. Mais c'est un progès très lourd à porter. En pratique chacun de nous se défile...et préfère passer la main au pouvoir qui a bien compris tout l'intérêt qu'il y avait à s'engouffrer dans la brèche créée par la mort de l'intériorisation morale ! On pourrait contrebalancer cette disparition par l'explication et l'éducation. Le problème c'est que çà ne rapporte pas, pire çà coûte ! Alors que faire ? C'est tout simple : remplacer l'insuffisance morale individuelle par la surveillance et le contrôle externe (nécessairement assorti de "sanctions" financières) ! En prenant soin pour éviter le réveil et la révolte de la masse, de nous expliquer que nous avons besoin d'être mieux protégés, et en faisant campagne contre toute les formes d'intelligence individuelle non autorisée / canalisée...Et c'est ainsi que le boulet EDVIGE frôla nos têtes...pour mieux revenir un jour, plus beau, plus fort et totalement "légitime" aux yeux de tous cette fois.
Conséquence VIII : l'Hyperinjustice. Dans notre société - en particulier dans la France de la "rupture" négative que les français ont choisi en mai 2007 - les petits, les faibles, les pauvres ne doivent pas être protégés : ils doivent au contraire disparaître ! Plus ils sont "dans la merde" et plus ils doivent payer plus que les autres proportionnellement à leurs moyens. "S'enfoncer plus pour payer plus !" Deux exemples pour faire comprendre à un "riche" comment cela est possible : 1) Prenons le cas d'un "chômeur" (soit dit en passant : "quel taré ! quel branleur ! quel profiteur !") qui réside en province et qui se rend à Paris pour un RV d'embauche : il ne prend pas le TGV c'est trop cher ; alors il prend sa voiture, et, pour faire des économies, il la gare dans la rue et ne prend pas l'autoroute ; résultat : au minimum deux contraventions quasi assurées (un stationnement interdit ; un radar...), sans parler de la fatigue. Au final il s'est appauvri un peu plus. Génial, non ? "L'avait qu'à travailler, ce paresseux!". 2) Prenons maintenant le cas d'une mère de famille pauvre et d'un riche célibataire qui vont au supermarché pour faire leurs courses hebdomadaires. La première n'achète que des produits de première nécessité et, pourtant, le quart de son budget mensuel y passe. Le second achète surtout de l'image et du rêve, mais la fraction prélevée sur son budget est dérisoire ! Normal ! "L'avait qu'à pas être pauvre, la salope!". Les petits doivent disparaître ! Aussi bien est-il normal qu'ils "trinquent" un maximum. "Voleurs de poule et voleurs de foule" : on s'acharne contre les premiers, on se prosterne devant les seconds... Disparaître d'accord, mais pas n'importe comment. Il faut que cette disparition soit conforme aux normes, donc qu'elle ne choque pas l'opinion et qu'elle n'incite pas à nous remettre en cause. Il en découle qu'un SDF, à supposer qu'il soit encore "considérable" comme un être humain, peut bien coucher dehors mais ne doit pas crever dehors une nuit d'hiver...Un débat s'instaure en ce moment sur cette question... Pour ma part la bonne attitude face au SDF se résume en trois mots : Liberté, Egalité, Fraternité. Il est libre, il est notre égal, et par dessus le marché, s'il est dans la merde, c'est une bonne raison pour l'aider à s'en sortir, non ? Ah ! la charité ! Heureusement, il reste la charité ! La charité - fondée sur l'idée que l'autre, lorsqu'il est dans la misère, parce qu'il nous est inférieur, doit être secouru - une valeur qui monte en flèche, surtout quand elle peut être médiatique ("charity business") et rapporte plus que ce qu'on a donné ! ROI, messieurs dames, ROI !
Conséquence IX : l'Hyperblocage du Système : l'impasse ! ... Une impasse (économique, sociale, etc.) particulièrement évidente dans de nombreux pays développés comme la France. Je voudrais prendre ici deux exemples qui, à mon avis, illustrent bien la gravité, et aussi la stupidité de la situation, une situation qui, "comme d'hab", accélère la fragilisation du plus grand nombre au profit (pour combien de temps !) d'une poignée de privilégiés : 1) Le scandale de l'immobilier : On devrait dire "les scandales...", mais passons sur les pots de vins, les promoteurs verreux, les "Subprimes", etc. Et penchons-nous juste sur la situation structurelle (et non pas conjoncturelle) française. Personne n'ose dire cette évidence, surtout pas les analystes du marché de l'immobilier : le prix de vente du m2 ne peut pas chuter, pour une raison aussi "diabolique" que "mécanique" : l'hyperparasitage du marché par les intermédiaires (agences immobilières...), les professions réglementées (notaires...) et les collectivités publiques (fiscalité...) ! Si vous achetez un "bien" dont le prix "net vendeur" est de 100 (X), vous le paierez 115, soit 100 (X) + 7,5 (Y) + 7,5 (Z) où Y représente les frais d'agence et Z les frais de notaire. Si vous revendez votre bien, vous voudrez naturellement le revendre plus cher que vous l'avez acheté, soit au minimum au prix de 115 (X'), à quoi le nouvel acquéreur devra rajouter Y' (agence) + Z' (notaire), et payer au final une somme nettement supérieure au prix d'achat du premier acquéreur (en l'espèce très probablement 130 ou plus). Le scandale tient moins dans la mécanique que dans la proportion honteuse de la plus value "parasitaire" extra-marché constituée par la somme prélevée par les parasites (l'agence et le notaire : 15% à eux deux !). Dans ces "conditions" il est quasi impossible qu'en France le prix de l'immobilier baisse fortement sur une longue période sauf crise économique apocalyptique (ce que l'on ne peut exclure, je vous l'accorde, dans le contexte de crise financière systémique actuel) ! Français, réveillez-vous et arrêtez de tolérer l'intolérable ! 2) Le scandale des finances publiques : Il y a belle lurette que les caisses de l'ETAT sont vides et que les dettes s'accumulent... La situation financière de la France, catastrophique, est devenue totalement ingérable. Au déficit budgétaire "traditionnel" s'ajoute maintenant le déficit extérieur... Heureusement il y a l'Euro pour masquer notre misère et éviter la honte d'une sévère dévaluation. Le déficit budgétaire (synonyme, tôt ou tard, d'accroissement de la dette publique) est non seulement une réalité trop fréquente dans nombre de collectivités (à commencer par l'ETAT), mais malheureusement un principe de gestion trop souvent accepté. Dans ce contexte, face à un déficit qui tend à se creuser d'année en année, tous les moyens sont bons pour faire rentrer de l'argent dans les caisses. Notamment le recours à la sanction financière tous azimuts des citoyens. Et que je te verbalise pour stationnement interdit, vitesse excessive, etc. L'ennui c'est que très rapidement ce qui n'était qu'une rentrée exceptionnelle et accessoire tend rapidement à devenir une rentrée indispensable qu'il convient d'accroître par tous les moyens. S'il y a un principe qui devrait être dans la constitution c'est l'équilibre budgétaire ! Cet équilibre ne doit être rompu que si cela est stratégiquement nécessaire et à condition que l'on puisse raissonnablement revenir à une situation d'équilibre dans un délai court, par des moyens qui n'hypothèquent pas le futur, etc. La France, devenue une puissance secondaire, voire mineure, n'est pas les Etats-Unis, première puissance mondiale !
Conséquence X : ... et, peut-être bientôt, l'Hyperexplosion du Système. Il n'échappe à personne que le système économique mondial, bouffé par la financiarisation et la titrisation (c'est à dire la domination de l'argent virtuel sur la valeur réelle !), n'est plus maîtrisé (est-il encore maîtrisable, et si oui, cette reprise en mains se fera-t-elle dans l'intérêt du plus grand nombre ?). Les régulations traditionnelles (y compris celle du "Marché") ne fonctionnent plus. Il y a pourtant des pilotes dans l'avion, mais trop de pilotes qui tirent chacun le manche dans le sens qui les arrangent. La crise financière systémique actuelle n'est pas une n-ième crise conjoncturelle comme les autres. C'est une crise structurelle. Peut-être la dernière avant l'explosion. Nous sommes dans cette crise. Tout le monde s'accorde pour dire qu'elle est sévère et qu'il faut faire quelque chose au niveau mondial. C'est déjà çà... Par contre qui s'inquiète d'un phénomène structurellemnt beaucoup plus dangereux, l'hyperconcentration du tissu industriel mondial? Chaque année des groupes gigantesques - dont les tailles économiques dépassent celles de nombreux Etats - fusionnent avec d'autres groupes gigantesques. Avec pour résultat systématique : des suppressions d'emplois en masse... Dans de nombreux secteurs d'activités une poignée de firmes globales façonnent à leur guise les produits et les esprits. Pourtant, si en ce moment la financiarisation est ouvertement dénoncée mondialement et quasiment à l'unisson, ce n'est pas le cas de l'hyperconcentration : localement celle-ci continue d'avoir ses partisans, et pour cause : quand une firme dont le siège est dans un pays X rachète une entreprise d'un pays Y, les médias, les politiques et les syndicats du pays X s'en plaignent rarement... Jusqu'au jour où les inconvénients concrets et immédiats du processus deviennent bien plus forts que ses avantages supposés... Aussi, en dehors des extrêmes, rares sont ceux qui pronostiquent la fin du Système, tirent la sonnette d'alarme et préconisent son changement. Certes, à la décharge de l'immense majorité, passive et/ou impuissante, il faut bien reconnaitre que personne ne connait la recette d'un nouveau Système économique... C'est pourtant d'un Nouveau Système Mondial dont l'Humanité a besoin. Les Hommes étant tout sauf raisonnables, il faudra sans doute attendre les jours qui suivront l'Hyperexplosion du Système actuel, le "Big Bang", pour voir émerger ce Nouveau Système... Comme toujours, il faudra une guerre (cette fois elle sera planétaire) pour faire une bonne paix, il faudra une énorme catastrophe humaine, un énorme gachis humain, pour créer les conditions d'un vrai changement...
EN CONCLUSION : si nous ne nous remettons pas immédiatement et radicalement en cause collectivement et individuellement l'Hypernormalisation nous mènera tout droit vers l'Hypercatastrophe. Nous y serons avant 2050... A la différence de Jacques Attali (cf. son livre intéressant "Une brève histoire de l'avenir"), je ne crois pas un seul instant qu'après l'"Hyperempire" et l'"Hyperconflit" il y a nécessairement le paradis (l'"Hyperdémocratie"). Il est de bon ton de parler (faire c'est autre chose!) d'environnement durable (ce qui est autour de nous) ... Mais le véritable enjeu c'est l'Humanité Durable (ce qui est en nous). L'Homme, avec un grand H, aura disparu bien avant que notre environnement soit en péril et nous menace. Les "Transhumains" c'est tout de suite ou jamais. L'analyse, certes optimiste et humaniste, de Jacques Attali est extrêmement dangereuse, car elle minimise l'urgence d'un changement profond et peut servir à justifier l'immobilisme (comme les religions...). Comme je suis moi-même optimiste et humaniste je lui concède, néanmoins et volontiers, que "l'évolution créatrice" l'emportera toujours sur l'évolution mécanique. Rêvons, d'accord, mais debout, la tête hors du sable, les yeux ouverts, en marchant.
[*] cf. par exemple la chaîne de radio France-Info, qui, faute d'avoir un concurrent direct indépendant sur le même registre (en théorie l'actualité - par essence renouvelée, imprévisible et variée - en continu, en pratique la répétition des mêmes infos et surtout des mêmes "chroniques"...), non seulement décrète ce qu'il faut savoir, mais proclame, en despote qui s'ignore, comment penser, ce qu'il faut faire et ne pas faire, ce qui est bien et mal, ce qui est beau, comment il faut vivre, se comporter (par exemple pour être un bon citoyen qui ne coûtera pas cher à la sécurité sociale et à la collectivité endettées), éduquer ses enfants, comment pisser mieux... ; cf. aussi les émissions TV, les magazines "people", les revues beauté/santé, etc. Bref : plus c'est con et plus c'est bon ! Vive le football !
Ma préconisation : à mettre en oeuvre d'urgence !
Penser et construire - souplement mais résolument - un Nouveau Système Mondial, capable d'enrayer la "pan-vérolisation" de l'homme et de la planète, repris en main par le Politique*, avec l'Hommemultidimensionnel (pas seulement le consommateur dépenseur...ou le contribuable financeur !) et son Environnement comme finalité première et centrale. Attention ! Ce système doit intégrer et accepter la complexité, non comme une vertu, mais comme une nécessité : en matière sociétale ce qui est trop simple est souvent l'oeuvre du totalitarisme et/ou du dogmastisme ! La bonne direction à prendre est aussi importante que la vitesse de réalisation... Un des éléments clés de ce nouvel ordre mondial est la refonte complète du système financier (notamment monétaire) international. Ce dernier doit être fondé sur des actifs tangibles et pas uniquement sur des constructions virtuelles diaboliques...
La France - sauf si elle disparaîssait prématurément ! - pourra occuper une place digne de son histoire, de sa culture, de son peuple, dans ce nouveau système à la condition qu'une grande rénovation économique (libérant la croissance) et sociale (libérant l'homme) s'opère en profondeur dans les toutes prochaines années. A cet égard le "rapport" Attali constitue une précieuse ressource qu'il serait vraiment dommage de sacrifier sur l'autel des corporatismes (ex.: les Taxis), des préjugés et de la défense des intérêts des privilégiés, des puissants et surtout des innombrables institutions inutiles en place (ex. : les Départements et toute la clique des notables, des élus et des fonctionnaires qui n'existent que par et pour ces territoires, ou plutôt ces chasses gardées)...
Le respect, la préservation et l'accroissement de la Diversité, de la pluralité, de la différence, condition sine qua non de la "dévérolisation" et, partant, de la résurrection de notre civilisation. En agroalimentaire cette recommandation concerne notamment, et là comme ailleurs, l'offre, la qualité, la concurrence (il faut tout faire à cet égard pour redonner du pouvoir, individuellement et collectivement, aux PME, face à la Grande Distribution et aux Multinationales : - certes, mais le pouvoir qu'on prend est toujours meilleur que celui qu'on vous donne !). Tout en réorientant progressivement, souplement mais sûrement, l'agriculture conventionnelle il faut encourager et soutenir fortement les initiatives qui favorisent la bio-diversité et préservent l'environnement, surtout lorque les bilans écologiques et énergétiques globaux des modes de production alternatifs qu'elles génèrent sont incontestablement meilleurs que ceux des modes conventionnels de référence (éco-carburants, intrants réduits, moins d'eau, fertilité préservée, circuits courts...).
Une Europe Politique - donc supranationale, au moins en son centre ! - unie et forte, respectueuse des singularités nationales et régionales, des cultures et des terroirs. Une Europe capable, à l'intérieur, de générer une dynamique économique et sociale forte et juste - qui emporte l'adhésion de tous -et à l'extérieur, de peser sur la scène internationale... On le voit, au-delà même du contenu du projet "Europe", la double nécessité de disposer d'une gouvernance supranationale tout en respectant la diversité impose, concrètement, d'accepter de penser une Union Européenne à plusieurs vitesses. Plusieurs vitesses ? De toute façon c'est le cas me direz-vous. Oui certes, mais dans la situation actuelle c'est la somme des petites vitesses particulières (Euro/pas Euro, Schengen/pas Schengen, je reçois beaucoup-je donne peu, je prends çà mais ceci je n'en veux pas, etc...) qui formate l'ensemble, qui tire l'Union vers le bas. A cette logique quantitative individualiste vers le bas (la quantité de pays membres semble compter bien plus que la qualité de l'engagement de chacun) il faut substituer une logique de l'excellence animée par un coeur qui montre la voie, composé de quelques pays pionniers, puissants et moteurs (l'Allemagne et la France étant les deux piliers indispensables de ce bateau amiral). Le moins que l'on puisse dire c'est que le corps de l'Union dispose, au terme de la première décennie du XXI° siècle, d'un coeur peu vigoureux. Pour le plus grand bonheur de la perfide Albion.