Astaffort - Un peu d'histoire...

Astaffort est une commune (chef-lieu de canton jusqu'en 2015) sise au sud du département de Lot-et-Garonne. Le territoire communal, d’une superficie de 3517 hectares, s’étend de part et d’autre du cours inférieur du Gers. Un riche réseau hydrographique formé de petits ruisseaux grossit les eaux de la rivière pyrénéenne.

D’un point de vue géomorphologique, ce terroir s’inscrit dans un paysage de transition entre la vallée de la Garonne et le commencement des plateaux gascons entrecoupés de vallons. Les sols se partagent principalement entre des terreforts argilo-calcaires et des boulbènes lourdes et argileuses.

Un peuplement ancien

Les témoignages d’un premier peuplement du territoire qui correspond au découpage communal contemporain se rapportent au paléolithique ancien et se résument à quelques pièces lithiques d’aspect archaïque trouvées en surface, à l’état remanié, sur des épandages alluviaux.

Il s’agit d’outils sur galet de quartzite aménagés et des bifaces très grossiers taillés dans des quartzites ou des plaquettes de silex lacustre. Quelques artefacts du paléolithique supérieur ou de l’épipaléolithique ont été retrouvés sous un abri qui surplombe le cours du ruisseau du Junca.

Ce gisement correspond à une halte temporaire de groupes de chasseurs itinérants qui suivaient les déplacements saisonniers du gibier dans la plaine du Gers, lequel constituait déjà un véritable axe de circulation. Une douzaine de lames de hache en pierre polie – façonnées sur des matériaux variés : quartzite, silex et jadéite – récoltées en divers points de la commune prouvent l’installation durable des premiers paysans du néolithique, qui se solda par des déforestations et une mise en culture des terres.

Mais la trouvaille préhistorique la plus remarquable reste indiscutablement la défense de mammouth mise au jour fortuitement en extrayant de la grave sur le plateau de Caméou en janvier 1958.

Témoin des échanges de matériaux sur près d’une centaine de kilomètres au IIIe millénaire avant J.-C., ce grand racloir avec zone du talon amincie, typique de l’Artenacien, provient du lieu-dit Las Passades. C’est une pièce foliacée biface en silex sénonien zoné du Bergeracois avec inclusion de petits fossiles caractéristiques (orbitoïdes media) et nodule violine entouré d’une zone bleutée.

(cliché Alain Beyneix)

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La défense de mammouth de Cameou, celle d'un grand mâle adulte, lors de sa découverte en 1958.

(photo collection Alain Beyneix)

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Au cours de la période gallo-romaine, on assiste à une densification de l’occupation du sol. La zone d’Astaffort correspond en effet à un terroir occupé par un habitat rural dispersé et complet aux marges des cités des Nitiobroges (Agen) au nord et des Lactorates (Lectoure) au sud. Nous y trouvons une villa, deux petites villas, sept fermes et onze sites à tuiles correspondant à des bâtiments agricoles dans lesquels on abritait un petit matériel. Il semble que la plupart des établissements, les petites villas ainsi que les fermes, se soient développés dès le Ier siècle et durant tout le IIe siècle. Seule la grande villa de Lamolie connut une durée de vie plus longue. Une présence indigène du Ier siècle avant J.-C., sous la forme d’une ferme, a vraisemblablement précédé l'implantation d'une petite villa au cours du Ier et du IIe siècles.

La phase d’expansion du site date du IVe siècle avec le développement d’un grand domaine rural qui semble s’être pérennisé en partie jusqu’au VIIe siècle.

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Photographie aérienne de la villa de Lamolie en 1995. On distingue assez nettement sur ce cliché la pars urbana composée d’une cour intérieure bordée d’une galerie à portique qui permettait l’accès à trois corps de bâtiments, disposés en U, subdivisés en de nombreuses pièces.

(cliché Catherine Petit-Aupert, Université Michel de Montaigne – Bordeaux 3)

Un bourg fortifié

Durant le Moyen Âge et sous l’Ancien Régime, Estafort, comme on l’écrivait alors, correspondait au cadre territorial d’une seigneurie qui s’étendait autour d’un bourg castral ceint de murailles, flanqué de tours (dont celles de Massas et de Marrocq) et dans lequel on pénétrait par trois portes fortifiées (celles de Bouc, du Gers et de Corné). Au XVIIIe siècle, les remparts, déjà en grande partie en ruine, furent arasés.

Extrait de la feuille 73 de la carte de Cassini publiée vers 1784.

La ville d’Astaffort, ou plutôt d’Estafort, y est figurée comme une place fortifiée avec ses murailles et ses tours.

Des paroisses d'hier... à la commune d'aujourd'hui

Depuis l’octroi des coutumes municipales en 1304, les habitants n’ont cessé de s’émanciper de l’autorité seigneuriale des premières heures de la féodalité. Trois consuls et douze jurats, élus par les notables, présidaient au destin de la communauté.

La société médiévale occitane fonde très tôt son organisation sur le droit écrit hérité du droit romain. Les libertés individuelles communales s’y affirment dans des coutumes débattues, établies et contresignées par les seigneurs et les représentants de la collectivité.

La juridiction consulaire dépendait de la sénéchaussée de Condom et du Parlement de Bordeaux depuis sa création en 1462. Les compétences judiciaires des consuls dépassaient les limites des deux paroisses de Saint-Félix et de Sainte-Geneviève, et s’étendaient aux cures voisines de Barbonvielle, de Las Martres, de Parays, d’Amans et d’Andiran. Toutes relevaient de l’évêché de Condom depuis son érection en 1317. Lors du découpage départemental en 1790, Barbonvielle et Parays se virent intégrer à la commune d’Astaffort tandis qu’Amans, Andiran et Las Martres furent respectivement rattachées aux communes de Layrac et de Cuq, dans le Lot-et-Garonne, et de Sempesserre, dans le Gers.